Les assemblées de Dieu fonctionnent de nos jours, pour la plupart, sur une organisation dite « pyramidale ». Nous avons un pasteur à la tête de l’assemblée qui coordonne les autres membres de l’église, il est parfois assisté d’un assistant pasteur ou d’un évangéliste. S’il existe un collège d’anciens dans l’assemblée, il n’a pas le rôle qui devrait être le sien dans l’église mais a été plutôt désigné pour appuyer la « politique » du pasteur, celui-ci ayant le cas échéant désigné lui-même les anciens. D’où nous vient cette vision des choses et en quoi elle s’éloigne de la vision qu’a le Seigneur Jésus-Christ pour son Eglise?
La première fois que Jésus parle de l’Eglise, c’est dans le livre de Matthieu au chapitre 16 au verset 18 « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. » . C’est Jésus qui bâtit son Eglise et non un homme. Beaucoup de « pasteurs » pensent qu’ils bâtissent leurs églises comme si c’était eux qui avaient donné leurs sangs sur la croix pour sauver les pécheurs. Lorsque Jésus dit à « Pierre » , en grec petros qui veut dire pierre, que sur cette « pierre » en grec petra qui veut dire rocher, je bâtirai mon Eglise, il veut simplement dire qu’il va la bâtir sur le rocher c-à-d Jésus lui-même (la pierre angulaire que les bâtisseurs ont rejetés) avec les « pierres vivantes » que nous sommes. « … et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ. » 1 Pierre 2:5. L’Eglise n’est donc pas une organisation humaine et vouloir lui imposer des systèmes d’organisations humains ne peut que la dénaturer. L’Eglise est issu de Jésus-Christ, son origine est céleste, c’est le corps de notre Seigneur et Il en est la tête. Or, nous n’avons jamais vu un corps fonctionner sans tête, cela donnerait un monstre. C’est précisément ce qui se passe avec l’Eglise visible aujourd’hui, c’est un corps sans tête qui ne sait pas où elle va ! L’Eglise n’est pas l’entreprise du pasteur pour qu’il s’enrichisse.
Comment donc cette Eglise fonctionnait du temps de Pierre, Jean et Jacques? Il est étonnant de voir que le nouveau testament comporte la mention apôtres au pluriel soixante trois fois; le mot pasteurs quant à lui n’est utilisé qu’une fois dans Ephésiens 4:11 et il est cité au pluriel. Malgré cela, la doctrine du cessationnisme nous apprend que les apôtres et les prophètes ont cessés d’exercer leurs ministères après la mort des apôtres de l’agneau au premier siècle après Jésus-Christ et qu’il ne reste plus que le ministère de pasteur, d’évangéliste et de docteur qui fonctionne dans l’Eglise. Cette doctrine, développée par Calvin, se base sur ces trois versets de 1 Corinthiens 13 : 8 -10 « La charité ne périt jamais. Les prophéties prendront fin, les langues cesseront, la connaissance disparaîtra. Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie, mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra. » . Il a considéré que ce qui était parfait, c’était le canon du Nouveau Testament qui a été clôt pour l’Eglise d’occident aux synodes régionaux de Carthage de 397 et de 419. Il découle de cela, que non seulement les ministères cités antérieurement n’existent plus mais qu’en plus les prophéties ont cessé, le parler en langues, les miracles et guérisons, la manifestation du Saint-Esprit ou charismes. Ces choses étaient pour l’Eglise des apôtres du premier siècle. Il a oublié que Dieu est le même aujourd’hui et éternellement. De plus lorsque Paul parle de ce qui est parfait, il fait allusion ici à la résurrection. Lorsque nous lisons les écritures, nous voyons dans 1 Corinthiens 12 : 28 qu’il est dit : « Et Dieu a établi dans l’Eglise premièrement des apôtres, secondement des prophètes, troisièmement des docteurs, ensuite ceux qui ont le don des miracles, puis ceux qui ont les dons de guérir, de secourir, de gouverner, de parler diverses langues. » Le terme grec pour premièrement ici se dit proton et signifie principalement, d’abord, premier dans le rang. C’est donc un ministère principal qui est nécessaire à la vision du corps de Christ. Effectivement, l’apôtre Paul dit lui-même qu’il a posé le fondement comme un sage architecte. Le ministère apostolique est donc un ministère de fondement, il est primordiale au fonctionnement de l’Eglise. Les apôtres modernes vont ramener toujours le peuple au fondement biblique qui ont été posés par les apôtres et les prophètes de la nouvelle alliance. « Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire. » Ephésiens 2:20. On le voit tout au long des actes des apôtres, les ministères étaient au milieu du peuple et aucune distinction vestimentaire ne les différenciait avec le reste des brebis. Nous sommes loin de la distinction qui se fait aujourd’hui entre clergé et laïc. Effectivement, dans le sacerdoce lévitique, les sacrificateurs devaient pour officier dans le temple, porter l’éphod et un vêtement en lin (image de la sanctification) or depuis le sacrifice de Jésus à la croix, nous ne sommes plus sous ce sacerdoce. « Si donc la perfection avait été possible par le sacerdoce lévitique – car c’est sur ce sacerdoce que repose la loi donnée au peuple – était-il encore nécessaire qu’il paraisse un autre sacrificateur selon l’ordre de Melchisédek, et non selon l’ordre d’Aaron ? Car, le sacerdoce étant changé, il y a aussi nécessairement un changement de loi. »
De plus, le « pasteur » chef d’orchestre d’aujourd’hui, règne plus sur les brebis en les dominant qu’en les nourrissant. Bibliquement parlant, nous n’avons jamais vu un homme seul diriger une assemblée. Dieu, connaissant très bien les hommes, a établi plusieurs anciens qui doivent travailler en collège, afin que si l’un ou l’autre s’écarte ou ne s’enfle d’orgueil, les autres puissent le ramener sur le chemin. Ces hommes, malgré la grâce qui reposent sur leur vie, sont encore faillible et tendent vers la perfection. Ils doivent se conduire comme des modèles mais il ne faut pas oublier que le modèle par excellence c’est Jésus de Nazareth. Si les modèles humains sont faillible, le modèle divin, Jésus, ne l’est pas.
Le modèle d’organisation pyramidale a été mis en place à partir du concile de Nicée en 325 après J.C. lors de la naissance du christianisme d’état. Le Saint Esprit a été remplacé par la liturgie et une organisation ecclésiastique inspirée de l’ancienne alliance et du sacerdoce lévitique ainsi que de la prêtrise des temples grecs et païens. Prêtre se dit hiérus en grec, ce qui a donné le terme hiérarchie. Un conception inconnue des premiers chrétiens qui savaient qu’ils étaient tous des sacrificateurs selon Apocalypse 1: 6 « et qui a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour Dieu son Père, … » et 5 : 10 « … tu as fait d’eux un royaume et des sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre. » La séparation entre le clergé et le peuple, le cléricalisme, est né. Il y a d’un côté, les professionnels de la religion qui ont fait des études de théologie et de l’autre les laïcs, du terme grec laos, le « peuple ». La tour de Babel a été reconstruite dans l’Eglise, où le sommet de la tour, les pasteurs, les prêtres, les révérends, les évêques, les archibishops, le pape, les cardinaux, touchent le ciel; ils ont un contact privilégié avec Dieu, ce sont les médiateurs entre Dieu et le peuple. Dans la Bible, nous voyons un seul médiateur entre Dieu et les hommes, c’est Jésus-Christ homme (1 Timothée 2:5). Tous ceux qui s’arrogent ce privilège à la place de Christ sont des antéchrist. L’appellation du pape en tant que vicaire du Christ sur la terre est tout bonnement une hérésie, Vicarius voulant dire en latin remplaçant.
Revenons au modèle biblique où Jésus est au centre et où les serviteurs sont au service du peuple et non l’inverse.
Publié originellement le 20 février 2014 sur https://serviteurinutile.wordpress.com/2014/02/