Voilà bien un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre : la dîme est-elle encore d’actualité? Pourquoi ce sujet est-il si sensible? Une assemblée peut-elle fonctionner sans la dîme, comment paiera-t-on le pasteur? Voilà autant de questions qui méritent réflexion. Pour répondre en quelques mots, il faudrait d’abord définir la dîme et voir dans quel contexte le Seigneur l’a prescrite au peuple juif. Le mot dîme vient de l’hébreu ma’aser ou ma’asar qui veut dire la dîme, dixième partie. On comprend déjà qu’il s’agissait de la dixième partie des biens que l’on donnait à Dieu.
Lisons d’abord deux passages de l’écriture qui vont nous éclairer, d’abord Deutéronome 14 : 22-29 : « Tu lèveras la dîme de tout ce que produira ta semence, de ce que rapportera ton champ chaque année. Et tu mangeras devant l’Eternel, ton Dieu, dans le lieu qu’il choisira pour y faire résider son nom, la dîme de ton blé, de ton moût et de ton huile, et les premiers–nés de ton gros et de ton menu bétail, afin que tu apprennes à craindre toujours l’Eternel, ton Dieu. Peut–être lorsque l’Eternel, ton Dieu, t’aura béni, le chemin sera–t–il trop long pour que tu puisses transporter ta dîme, à cause de ton éloignement du lieu qu’aura choisi l’Eternel, ton Dieu, pour y faire résider son nom. Alors, tu échangeras ta dîme contre de l’argent, tu serreras cet argent dans ta main, et tu iras au lieu que l’Eternel, ton Dieu, aura choisi. Là, tu achèteras avec l’argent tout ce que tu désireras, des bœufs, des brebis, du vin et des liqueurs fortes, tout ce qui te fera plaisir, tu mangeras devant l’Eternel, ton Dieu, et tu te réjouiras, toi et ta famille. Tu ne délaisseras point le Lévite qui sera dans tes portes, car il n’a ni part ni héritage avec toi. Au bout de trois ans, tu sortiras toute la dîme de tes produits pendant la troisième année, et tu la déposeras dans tes portes. Alors viendront le Lévite, qui n’a ni part ni héritage avec toi, l’étranger, l’orphelin et la veuve, qui seront dans tes portes, et ils mangeront et se rassasieront, afin que l’Eternel, ton Dieu, te bénisse dans tous les travaux que tu entreprendras de tes mains. » et ensuite Nombres 18:26-32: « Tu parleras aussi aux Lévites, et tu leur diras : Quand vous aurez reçu des enfants d’Israël les dîmes que je vous ai donné à prendre d’eux pour votre héritage, vous offrirez de ces dîmes l’offrande élevée de l’Eternel, savoir la dîme de la dîme. Et votre offrande élevée vous sera imputée comme le froment pris de l’aire, et comme l’abondance prise de la cuve. Vous donc aussi vous offrirez l’offrande élevée de l’Eternel de toutes vos dîmes que vous aurez reçues des enfants d’Israël, et vous en donnerez de chacune l’offrande élevée de l’Eternel à Aaron Sacrificateur. Vous offrirez toute l’offrande élevée de l’Eternel, de toutes les choses qui vous sont données de tout ce qu’il y a de meilleur, pour être la sanctification de la dîme prise de la dîme même. Et tu leur diras : Quand vous aurez offert en offrande élevée le meilleur de la dîme, pris de la dîme même, il sera imputé aux Lévites comme le revenu de l’aire, et comme le revenu de la cuve. Et vous la mangerez en tout lieu, vous et vos familles ; car c’est votre salaire pour le service auquel vous êtes employés dans le Tabernacle d’assignation. »
De ces deux passages, nous pouvons comprendre qu’il y avait quatre sortes de dîmes. La première était prélevée sur la récolte et le bétail, elle était mangée par la famille elle-même avec ordre de se réjouir et d’aller à l’endroit que l’Eternel aura choisi (à la tente d’assignation et après la construction du temple à Jésusalem). La deuxième était prélevée tous les trois ans et était donnée à l’étranger, l’orphelin et la veuve. La troisième, elle-aussi prélevée tous les trois ans, était donnée aux Lévites qui n’avaient pas d’héritage en Israël. Dans une nation où la terre était la seule richesse, la tribu de Lévi n’avait d’autre héritage que ce que les autres tribus leurs versaient à travers la dîme. Pour la quatrième, les lévites devaient reverser aux fils d’Aaron, les sacrificateurs, la dîme de la dîme, autrement dit le dixième du dixième qu’ils avaient eux-mêmes prélevés sur les autres tribus. En effet tous les sacrificateurs étaient Lévites, mais tous les lévites n’étaient pas sacrificateurs, il n’y avait que la lignée d’Aaron qui l’était. De plus c’était les juifs qui étaient assujettis à la dîme, pas les païens. Historiquement, les premiers chrétiens (l’Eglise primitive) ne prélevaient pas la dîme. On ne le voit d’ailleurs pas dans le livre des actes ou dans les écrits que les apôtres nous ont laissé.
Les dîmes ont été adoptées par l’Église Catholique au septième siècle après Jésus-Christ. Elles sont mentionnées dans les conciles de Tours en 567 et de Mâcon en 585 et elles ont été officiellement reconnues et généralisées sous le pape Adrien II en 787. Les paysans devaient offrir un dixième de leur récolte, alors que les artisans devaient offrir un dixième de leur production. L’apparition d’un clergé « salarié » dans l’Eglise va amener un des « pères de l’Eglise » , Cyprien de Carthage, à se pencher sur le fonctionnement clérical de l’ancienne alliance. Il va alors remettre la dîme en place pour pouvoir payer les prêtres. Les évêques vont alors abuser de ces prérogatives pour mener une vie de château, les dîmes ne suffisant plus, ils mettront en place la vente des indulgences durant le moyen-âge. Ce qui va amener un moine allemand à écrire ces fameuses 95 thèses et à les placarder aux portes de l’église de Wittemberg le 31 octobre 1517 condamnant violemment le commerce des indulgences pratiqué par l’Eglise Catholique Romaine. Vous l’avez compris, je fais ici référence à Martin Luther. Il a eu la révélation que le juste vivra par la foi et que seule la grâce peut sauver l’homme.
La réforme effectuée alors va remettre la Parole au centre de la prédication dans l’Eglise, elle sera aussi traduite en langue vernaculaire et diffusée massivement grâce à l’invention de l’imprimerie par Johannes Gutenberg. Malheureusement la Réforme protestante va avoir ses limites et ne pourra pas totalement extirper plus d’un millénaire de traditions et d’idolâtrie dans l’église. Le paganisme dans l’Eglise a eu le temps de faire des ravages qu’il est encore difficile de distinguer entre le vrai du faux de nos jours. Pour preuve, le fait que certains évangéliques fêtent encore Noël comme étant la naissance du Christ ou même les fêtes d’anniversaires. La plupart de la liturgie des églises, même réformées, nous vient de l’Eglise Catholique Romaine. Il nous faut l’éclairage du Saint-Esprit pour comprendre que toutes ces choses ont été instaurées par les hommes et leurs systèmes religieux. Parmi tout cela, on retrouve aussi la dîme ! Les partisans de la dîme aiment utiliser le passage de Malachie 3:10 : « Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, Afin qu’il y ait de la nourriture dans ma maison ; Mettez-moi de la sorte à l’épreuve, Dit l’Eternel des armées. Et vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux, Si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance. » Nous devons comprendre premièrement que le prophète Malachie s’adresse aux juifs et tout particulièrement aux sacrificateurs qui apportaient des offrandes qui n’étaient pas conforme à la loi de Moïse. « Un fils honore son père, et un serviteur son maître. Si je suis père, où est l’honneur qui m’est dû ? Si je suis maître, où est la crainte qu’on a de moi ? Dit l’Eternel des armées à vous, sacrificateurs, Qui méprisez mon nom, Et qui dites : En quoi avons-nous méprisé ton nom ? Vous offrez sur mon autel des aliments impurs, Et vous dites : En quoi t’avons-nous profané ? C’est en disant : La table de l’Eternel est méprisable ! Quand vous offrez en sacrifice une bête aveugle, n’est-ce pas mal ? Quand vous en offrez une boiteuse ou infirme, n’est-ce pas mal ? Offre-la donc à ton gouverneur ! Te recevra-t-il bien, te fera-t-il bon accueil ? Dit l’Eternel des armées. » Malachie 1:6-8. On ne peut pas prendre un verset et le tirer de son contexte pour en faire une doctrine. De plus, nous ne sommes plus sous le sacerdoce Lévitique comme le dit le livre aux Hébreux au chapitre 7 au verset 12: « Car, le sacerdoce (Lévitique) étant changé, il y a aussi nécessairement un changement de loi. » ou encore au verset 18 : « Il y a ainsi abolition d’une ordonnance antérieure, à cause de son impuissance et son inutilité, car la loi n’a rien amené à la perfection, et introduction d’une meilleure espérance, par laquelle nous nous approchons de Dieu. » Et si vraiment il fallait payer la dîme comme sous l’ancienne alliance, il faudrait remettre en place le Temple à Jérusalem et aussi les sacrifices d’animaux afin d’offrir des taureaux et des boucs.
Le voile a été déchiré, l’accès au lieu très saint nous ait donné à travers le sacrifice de Jésus et nous n’avons plus besoin d’offrir de sacrifice sanglant, la classe des sacrificateurs de la tribu de Lévi est dépassé. Nous sommes tous maintenant des sacrificateurs comme le dit 1 Pierre 2:9 : « Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière, … » . Etant des sacrificateurs, nous devons aussi faire des sacrifices mais ils sont spirituels, c’est le don de nos vies sacrifiées au Seigneur, des vies sanctifiées, mis à part pour le Seigneur Jésus. « … et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ. » 1 Pierre 2:5. On me dira: « Mais Abraham a payé la dîme! Il n’était pas sous la loi de Moïse! ». Allons justement voir dans quelle condition, notre père Abraham a payé la dîme. « Après qu’Abram fut revenu vainqueur de Kedorlaomer et des rois qui étaient avec lui, le roi de Sodome sortit à sa rencontre dans la vallée de Schavé, qui est la vallée du roi. Melchisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin : il était sacrificateur du Dieu Très-Haut. Il bénit Abram, et dit : Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut, maître du ciel et de la terre ! Béni soit le Dieu Très-Haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains ! Et Abram lui donna la dîme de tout. » Genèse 14:17-20. Abram va donner la dîme sur le butin qu’il avait ramené lorsqu’il est allé délivré Lot des mains de Kedorlaomer. Dans toute sa vie, c’est la seule fois où il va payer la dîme! Il ne la paye pas ici tous les mois comme on nous demande de le faire dans nos églises! De plus il la paye avec le butin qu’il a pris! Des hommes et des femmes aujourd’hui s’endettent pour donner leur dîme! L’heure est grave, le peuple de Dieu est tondu chaque dimanche par des pasteurs qui ne pensent qu’à leur ventre! La dîme n’est pas néo-testamentaire, c’est une pratique de l’ancienne alliance qui n’est plus d’actualité! Elle ne constitue rien d’autre que les indulgences du 20ème et 21ème siècle. Ce sujet est sensible car il touche aux portefeuilles des pasteurs et qu’ils se demandent comment ils vont pouvoir vivre. Ils oublient que Dieu est fidèle pour les nourrir, comme Il l’a fait avec Elie et qui l’a nourri aux travers de corbeaux qui lui apportaient de la nourriture au torrent de Cédron. De plus, ils peuvent aussi travailler comme Paul qui faisait des tentes avec Aquilas et Priscille dans le livre des actes. Une assemblée doit fonctionner bibliquement et les frères sont libres de donner sans contrainte ni tristesse comme le dit la Parole : « Que chacun donne comme il l’a résolu en son cœur, sans tristesse ni contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie. » 2 Corinthiens 9:7.
Publié originellement le 28 aout 2012 sur https://serviteurinutile.wordpress.com/2012/08/